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Interview d'Audrey Dussutour

Nous avons eu la chance d'interviewer, via Skype, Audrey Dussutour, chercheuse de renommée mondiale.

Nous : Qu'est – ce que chercheur en cognition animale ?

Audrey Dussutour : C'est un chercheur qui essaye de comprendre comment les animaux résolvent des problèmes.

Comme face à des problèmes du type : chercher de la nourriture ou de type apprentissage, ...

La cognition est le traitement de l'information, c'est comment l'animal va traiter l'information pour résoudre des problèmes.

 

N : Donc la cognition, c'est ?

A.D. : Comment l'animal traite l'information.

 

N : Quel est votre budget au CNRS ?

A.D. : Très petit ! Par chercheur, 4000 euros par an pour tout faire, c'est – à – dire acheter le matériel, payer les étudiants. Autant vous dire qu'en janvier, il n'y a plus rien ! Pour avoir plus d'argent, je dois répondre à des appels d'offre de fondations, le marché est très dur ! Beaucoup de chercheurs sont peu financés.

 

N : C'est donc difficile d'avancer dans la recherche !

A.D. : Oui, tout à fait. Comme je vous l'ai dit, il faut arriver, à convaincre les fondations. Il faut donc être être compétent, avoir un bon dossier, c'est – à – dire avoir été médiatisé afin d'être choisi.

Pour vous donner une idée cette année nous [les chercheurs du CNRS] avons envoyé une quarantaine de dossiers. Seulement deux ont été financés ! Je fais partie d'un de ces deux chercheurs.

 

N : Combien y-a-t-il de chercheurs travaillant au laboratoire de la cognition animale ?

A.D. : Une trentaine dont la moitié qui sont des maîtres de conférence. Ces derniers consacrent 50 % de leur temps à la recherche et 50% de leur temps à enseigner.

L'autre partie du laboratoire est constituée de chercheurs du CNRS comme moi qui se consacrent exclusivement à la recherche. Nous sommes les plus chanceux.

Chaque chercheur demande des financements chaque année. Cette année, j'ai obtenu un financement de 100 000 euros qui m'a permis de faire de nombreuses recherches sur le blob.

C'est l'agence nationale de la recherche qui m'a donné ce financement.

Le pourcentage de réussite est de 5 % pour ce genre de demande.

Grâce à ce financement, je paye un étudiant en doctorat pendant trois ans.

Pour vous donner un ordre d'idée, un étudiant en doctorat coûte  100 000 pour trois ans.

 

N : C'est comme si vous étiez employeur ?

A.D. : C'est ça !!

J’emploie aussi des post-doctorat : ce sont de jeunes chercheurs qui n'ont pas encore eu le concours du CNRS et qui coûtent plus cher. 100 000 euros pour deux ans et je dois aussi payer les masters, c'est juste avant le doctorat 3 500 euros l'année.

 

N : Donc c'est presque tout le budget du CNRS !

A.D. : Oui ! Heureusement que le blob et les manips ne coûtent pas très chers.

Le budget des manipulations est d'environ 20 000 euros par an.

 

N : En quoi l'étude sur le blob a – t – elle changé votre vie ?

A.D. : Ce n'est pas vraiment l'étude du blob qui a changé ma vie mais plutôt le fait que mes recherches aient été médiatisées.

C'est bien de travailler sur le blob car c'est un organisme un peu à part. Le fait qu'on ait découvert qu'il était capable d'apprentissages alors qu'il n'a pas de cerveau a permis d'avoir une activité médiatique qui fait que j'ai rencontré un éditeur, qui a fait que j'ai écrit ce livre, qui a fait que j'ai pu parler de mes recherches et qui a fait que j'ai obtenu un financement. Si vous voulez être financés, il faut convaincre la personne qui va vous donner de l'argent.

N : Ce sont donc vos succès en recherche qui vous ont permis de réussir ?

A.D. : C'est exactement ça, quand vous voulez convaincre la personne, il faut lui prouver que vous allez parler de son organisme. Parce qu'à chaque fois que l'on va faire des recherches, on va publier un article en anglais dans lequel on cite l'organisme en disant que ces recherches ont été permises par cet organisme.

Vous aurez donc plus de succès qu'un chercheur dont la fondation n'a pas entendu parler.

 

N : Depuis combien de temps travaillez – vous sur le blob ?

A.D. : Depuis 2008. Cela fait presque 10 ans.

 

N : Depuis combien de temps vos recherches ont – elles été médiatisées ?

A.D. : Ma première recherche médiatisée est celle sur la nutrition. Cette médiatisation date de 2016. La deuxième qui a été médiatisée est celle sur l'apprentissage datant de 2017.

Mais c'est la publication du livre qui a véritablement médiatisée mes recherches sur le blob.

 

N : Combien de blobs avez – vous ?

A.D. : À l'heure actuelle, je possède, en termes de souches, 3 (un américain, un australien et un japonais).

En ce moment, j'en ai six puisque je n'ai pas de recherches en cours.

Lorsqu'on réalise des expériences, on en a une centaine. Ce qui implique un nombre important de manipulations!

 

N : Existe – il un blob français ?

A.D. : Il doit bien y avoir en France, une centaine d'espèces...

 

N : Est – ce que vous avez des contacts avec des chercheurs étrangers ?

A.D. : Oui, je travaille en majorité avec des chercheurs étrangers qui sont, pour la plupart, japonais. En France, nous sommes trois.

Interview réalisée le jeudi 16 novembre 2017

Le livre de Audrey Dussutour : Tout ce que vous avez toujours voulu avoir sur le blob sans jamais oser le demander. Paris. Équateurs. 2017. 184 p. Sciences

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